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Semer et reproduire ses semences de légumes

« 70% des aliments de la planète proviennent de douze espèces végétales et de cinq animales. /…/ Les centaines de milliers d’espèces de plantes et d’animaux d’élevage, qui ont existées depuis des générations, ont été substituées à quelques espèces depuis le milieu du 20e siècle. »  Vandana Shiva, et al. dans ‘Law of the seeds’ / ‘la Loi des semences’, 2013.

Attention : une même espèce est composée de plusieurs variétés. Chaque variété a sa semence.

L’article ci-dessous est tiré majoritairement d’une fiche que j’ai réalisée lorsque je travaillais dans la super, innovante et humaine asbl du Début des Haricots. Un coucou aux copains en passant 🙂

Pourquoi produire ses semences?

Pour assurer la souveraineté alimentaire

Pour que les citoyens restaurent, conservent et augmentent la biodiversité cultivée

Pour lutter contre le monopole des grands semenciers et la privatisation du vivant

Pour préserver un héritage du passé

Pour la liberté d’échanger et reproduire nos graines

Pour des semences adaptées à notre territoire

Pour la sauvegarde des variétés régionales

Pour le plaisir !

Comment produire ses semences ?

Il existe des règles de bonnes pratiques générales de culture, sélection, récolte et conservation des semences. Dans cette première partie, vous trouverez quelques informations et bonnes pratiques générales.  

La reproduction des plantes et les croisements non désirés

Il existe différents types de reproduction chez les plantes : autogame et allogame. Les différentes variétés de légumes allogames se croisent entre elles lors de la floraison et il y a fécondation. Les variétés d’origine se perdent alors et on obtient des bâtards non désirés. Il est donc très important de connaître les espèces de légumes dont les différentes variétés se croisent si on les laisse monter en graines ensemble.

Petit lexique 
Autogame : le pollen des fleurs de la plante féconde les organes femelles d’une même fleur ou d’autres fleurs de la même plante
Allogame : c’est le pollen d’une autre plante (de la même espèce) qui féconde l’ovule.

Classification : Légume (nom commun) – Famille1 (botanique) – Genre – Espèce – Variété *

Les différentes variétés d’une même espèce peuvent toujours se croiser entre elles ainsi qu’avec l’espèce sauvage.

Sauf exception, les espèces différentes ne se croisent pas entre elles et si croisement a lieu, la descendance est stérile.

Nom commun Patisson Courgette Blanche de Virginie Chou-fleur Chou-Brocoli
Famille Cucurbitacae Cucurbitacae Brassicacae Brassicacae
Genre Cucurbita Cucurbita Brassica Brassica
Espèce Cucurbita pepo Cucurbita pepo Brassica oleracea Brassica oleracea
Variété ovifera Blanche de Virginie Botrytis Italica

Bonnes pratiques pour la sélection des plantes reproductives et de leurs semences

1. Le choix des semences

Excluez absolument les variétés hybrides de première génération, commercialisées sous le label « F1 ».Choisissez des semences de producteurs petits semenciers professionnels. On ne peut pas obtenir des semences valables des variétés hybrides « F1 ». Soit celles-ci sont stériles, soit elles donnent des graines qui font naître des plantes d’aspect très hétérogène et la qualité s’en voit réduite.

2. Inscription

Inscrivez les dates de semis, de récolte supposée et éventuellement les risques.

3. La sélection

Choisir les graines issues des plantes présentant les caractéristiques qu’on cherche à maintenir et à reproduire. Différents critères possibles : taille, couleur, saveur, précocité de la maturation, rusticité par rapport aux conditions climatiques défavorables (gel, chaleur, sécheresse, pluie abondante, etc.), résistance aux attaques et maladies (ces dernières pouvant se transmettre par la semence), l’adaptabilité au type de terrain,…

4. Nombre de plants à prévoir

Pour les professionnels, prévoir +- 50 plants de même variété pour éviter la dégénérescence génétique chez les plantes allogames et 30 pour les plantes autogames. Ces chiffres varient très fort en fonction du type de légumes, relief du terrain (barrière naturelles, etc.).

Pour des plus petits potagers, un nombre plus restreint de plants est envisageable. On parle d’un minimum de 5 plants.

Aussi, lors de la reproduction de semences « amateurs », au fur et à mesure des années, certains caractères vont se renforcer, d’autres s’atténuer, en fonction des conditions de culture. Si nous voulons garder une homogénéité et une sécurité, il est bon, au bout de quelques année, de ré- acheter des semences (pour leur pureté variétale) ou de procéder à une sélection pour les rendre à nouveau stables et homogènes, mais cette solution est un travail long, particulièrement pour les légumes allogames.

5. Les croisements non désirés

Comme précisé plus haut, les différentes variétés de certaines espèces de légumes que l’on appelle allogames se croisent entre elles lors de la floraison et il y a fécondation. Les variétés d’origine se perdent et ont obtient des bâtards non désirés. Il est très important de connaître les espèces de légumes dont les différentes variétés se croisent si on les laisse monter en graines à proximité.

Parmi ces espèces allogames à fécondation croisée on compte par exemple : les chicorées, les potirons, les courges, les concombres, les poireaux, les oignons, les choux, les radis, les navets, les carottes, les céleris et les betteraves. De plus, les différentes sous-espèces de choux (rouge, blanc, rave, de bxl, etc.) se croisent entre elles ainsi que les betteraves rouge avec les bettes, les betteraves sucrières et fourragères.

Certains légumes se croisent également avec leurs ancêtres sauvages comme les carottes et les chicorées. Il est dès lors indispensable de se pencher sur la classification de chaque légume avant de vouloir la reproduire.

6. L’espacement

Il nous faut connaître les distances minimum entre les différentes variétés et espèces afin d’éviter les croisements non désirés. Quelques mètres sont parfois suffisants, plusieurs kilomètres sont parfois indispensables !

Bonnes pratiques culturales des porte-graines

1. Soin du sol

Soigner le sol en fonction du type de légumes reproduit et de la durée de culture, pour un bon développement des racines : gestion des adventices, surtout si la plante est bisannuelle (ex : carotte, betteraves, bettes), juste dose de fumure, sol le plus équilibré possible (ex : l’excès d’azote aura pour conséquence d’attirer certains ravageurs (ex : pucerons) tandis qu’une carence en acide phosphorique ou en potasse aura un impact sur la formation et le rendement des semences reproduite.)

2. Respect des dates de semis

Respecter les dates de semis afin de permettre à la plante de pouvoir entamer son cycle complet dans les meilleures conditions (pas de stress= pas de montaison précoces). Pour les plante annuelles, faire un semi le plus tôt possible, pour les bisannuelles, le plus tard possible. Le légume doit n’y être trop gros, n’y trop petit sinon il ne passera pas l’hiver.

S’il y a reproduction de légumes bisannuels, pensez à laisser plus de place entre les plants.

3. Repiquer dans les délais

Attention au repiquage en retard! Quand un semis est fait en pépinière, il est important de le repiquer avant que la plante ne se sente à l’étroit dans son pot pour une bonne reprise et donc un bon développement des racines (ex : laitue, racine pivot).

4. Tuteurage

Si besoin tuteurer au bon moment

5. Protection contre les ravageurs

Restant en place un long moment les légumes ont plus de risque, qu’un légume cultivé pour être mangé, de subir des attaques d’oiseaux, de limaces, etc.

6. L’arrosage

Il est important d’arroser dans les règles de l’art, jamais trop, jamais trop peu ! Il faut donc connaître les besoins en eau de la variété reproduite. Le moment de la floraison est crucial, la plante à particulièrement besoin d’eau à ce moment, attention à être régulier ! Attention aux gouttes à gouttes qui ne permettent d’arroser qu’une petite partie du sol et qui ne permettent pas aux racines de se développer au maximum. Attention également au stress hydrique.

7. Rotation des cultures

Pratiquer la rotation de culture pour prévenir les attaques de ravageurs et pour une utilisation équilibrée des ressources du sol

 

La suite au prochain épisode

Retrouve la suite de l’article avec notamment les bonnes pratiques de conservation des graines et les premières méthodes détaillées de reproduction des semences lors d’un prochain article.

Et déjà, bon semis 🙂


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